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138 MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
courue. De quoi tous les prédicateurs et curés de Paris crièrent enragement; entre les autres Rose, evesque de Senlis, qui prescha que c'estoit un'meschant peuple que celui de Chartres, lequel huict jours auparavant il avoit presché pour le meilleur et le plus dévot de toute la France. Il est vrai qu'il dit qu'il le l'avoit bien trompé, et qu'il connoissoit à ceste heure que tout n'en valoit rien; et entrant sur la capitulation, dit qu'elle estoit infâme et vilaine, et ceux qui l'avoient faite encores plus vilains s'ils en tenoient quelque chose. « Car c'est, dist-il, à Dieu et à Nostre Dame avec « laquelle vous avez capitulé premierement, et non « avec le Bearnois, auquel vostre foi donnée est nulle, « pour ce que c'est un heretique. Que si vous la gar-« dez, dist-il, asseurez-vous que Dieu et la bonne « dame à laquelle vous avés baillé les clefs de vostre « ville se sçaura bien venger du tort que vous lui « faites. » Puis aiant cessé telles apostrophes pathétiques plus plaisantes que piteuses, leur dist qu'il estoit bien adverti qu'il y avoit encores beaucoup de bon peuple et catholique là dedans qui n'aprouvoit ceste infâme capitulation ; et pourtant qu'il falloit que tous les bons catholiques priassent Dieu qu'il don-nast à ce bon peuple une inspiration, avec la force et le zele du seingneur des armées, pour courir sus, et transpercer de leurs propres espées ceux qui avoient brassé ce meschant accord; « dont j'entends, dist-il, « que les principaux et les plus grands sont estans « tous politiques, et aians plus d'esgard à leurs biéîis « et commodités qu'à la religion. »
Le jour de Pasques 14 du present mois d'avril, les prieres estans à la chapelle de la Roine près les Filles
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